lundi 26 novembre 2007

Misère misérable IV

A cet instant précis je viens de boire près de la moitié d'une bouteille de vodka. Problème : je suis seul. Et boire seul ce n'est pas la même chose que boire en groupe, où l'ivresse se communique. Dans mon 18m², seul, l'ivresse tourne en rond. Dans ma tête. In my fucking head. Oui dans ma putain de tête dont la seule chose qui pourrait passer serait, non pas une idée mais une belle balle de plomb. Si je bois, seul, c'est parce que je suis triste, et les larmes me montent aux yeux au moment même où j'écris ces mots. J'ignore pourquoi je les écris mais je fais mien ce que Jacques Derrida disait (à moins qu'il ne l'écrive) : "Ce que l'on ne peut pas dire, il ne faut pas le taire mais l'écrire" (excusez l'approximation de la citation mais mes circonvolutions neuronales sont quelque peu encombreés par des molécules d'éthanol).

Aujourd'hui j'appris que la fille sur laquelle j'avais tout misé (dont ma vie...) et qui avait un "copain" était avec lui depuis pas loin de...2ans et demi. Il est canon paraît-il. Elle est accro d'après une de mes amies qui discute avec elle. Ca me déprime car je sais que je l'aime. Je suis follement amoureux de cette fille et je ne savais pas que cela m'arriverait un jour, que je tiendrais un discours aussi aseptisé et consensuel que celui que je suis en train de vous délivrer à vous (toi ?) lecteur-s (car je suis féministe, seuls ont comprendront...oui je suis bourré mais pas là...enfin si...bref !). Mais avec elle... Car comme l'écrivait Tocqueville autant je peux être le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l'abandonne à lui-même, autant quand, une fois arraché malgré moi à mon logis et à mes habitudes, prêt à pousser jusqu'au bout du monde et à tout oser, y compris déclarer ma flamme à celle qui depuis des mois encombre mes pensées et mes rêves, je la désire. Entre temps j'ai bu et j'approche de la moitié de la bouteille. A la question "qu'est-ce que vous faites dans la vie ?" je réponds " je fais pitié". Portrait de la France. (Je suis parti gerbé là). Je suis revenu et je n'ai finalement pas vomi mais j'ai pleuré. Je me suis juste trompé d'orifice. Jamais j'aurais pu penser qu'une fille puisse me mettre dans ces états (le pluriel est plus fort). Mon verre est vide et j'hésite à le remplir. Et je le remplis. Au début la vodka (pure car je n'ai rien d'autre) fait un peu mal mais elle apaise considérablement les douleurs, et le ventre se montre fébrile. On ne sait pas où l'on se trouve. A mi-chemin de la fécilité ou de l'enfer. L'alcool vous maintient dans un entre-deux qui ne vous est d'aucune aide finalement. Cela m'aidera juste à bien m'endormir. Et pour quelqu'un qui a des problèmes de sommeil c'est déjà pas mal.

Je suis amoureux. Je l'aime. Ca y est je l'ai écrit. Savez-vous comment je me suis rendu compte que j'étais vraiment amoureux de cette fille ? Au moment où j'avais envie de me faire un petit plaisir solitaire (oui une masturbation), plutôt que d'allumer mon ordinateur afin de mater un bon film porno pour stimuler mon imagination, je préférai penser fort à cette fille et me finir sur ces pensées. Une bonne branlette en pensant à la fille que l'on aime est 1000 fois meilleure qu'une branlette sur un porno où la nana accepte la sodomie comme une caissière le paiment par CB. Je suis dingue de cette fille. C'est tout. Mais si je ne peux percer son coeur, je percerais ma jugulaire... =(

dimanche 4 novembre 2007

Misère misérable III


Allait-il me falloir continuer à errer encore longtemps ainsi ? I hate my life. J’en suis réduit à m’exprimer en anglais pour ne pas avoir à affronter cette dure réalité. Tout est tellement plus gai et plus facile à accepter dans la langue de Shakespeare. On aime s’exprimer dans des langues étrangères. Tout comme ma langue serait étrangère dans la bouche d’une fille…

Il y a quelque chose qui relève de la science-fiction ou de l’ésotérisme dans ce qu’on peut appeler une soirée. Fitzgerald avait absolument tout compris de ce petit mécanisme dans Gatsby le Magnifique. Il y a l’excitation, la petite chaleur en son for qui fait espérer monts et merveilles, la soirée telle qu’on l’idéalise. On se la joue une, deux puis trois fois dans la tête et rien ne semble vraiment, à ce moment précis, compromettre le déroulement de celle-ci. Mais la vie est une petite catin qui a bien de la peine à se soumettre à quelques examens rigoureux. Car cette petite excitation est constamment accompagnée par son inévitable ruine, sa chute imminente. Aller en boîte de nuit est réellement devenu un calvaire. C’est mon chemin de croix. Mais on y va quand même toujours dans l’espoir qu’on donne à manger à la meute en plein rut. Cet espoir on le cultive à travers une coupe de cheveux sur laquelle on a passé du temps, des vêtements que l’on a eu de cesse d’essayer, un rasage parfaitement étudié. Oui, à cet instant tout va à peu près pour le mieux car on vit dans la promesse de quelque chose. Et ce quelque chose, au fur et à mesure de la soirée, se fait désirer. Progressivement toutes mes illusions s’envolent, une à une, dans les rythmes tonitruants d’une musique qui a sous sa coupe pas loin de 300 personnes. Qu’est-ce que j’aimerais être juste une note de musique…

La soirée bat son plein et moi je suis là à scruter les moindres mètres carré de peau des filles en action sur le dancefloor. C’est globalement jouissif. J’en repère plusieurs. Cette soirée n’est pas mauvaise de ce point de vue. Toujours est-il que je demeure seul. Mais c’est vrai, on ne choppe plus en boîte. Et ça me réconforte de savoir que je ne suis pas le seul. Que je suis « comme tout le monde ». Et puis il y a ces regards que l’on jette au hasard au milieu de la foule dansante. Les yeux balayent d’un coup l’assistance. Et là je sais que tout est perdu. Il y a cette fille qui, disons-le, est vraiment bandante, et qui danse, plutôt bien (entendons : elle bouge bien son corps) tout de blanc vêtue. Puis un mec s’en approche, et par je ne sais quel moyen (une incantation vaudou ? une formule magique ?) il parvient à capter son attention, danse avec elle, se rapproche. Puis elle se tourne et frotte son cul sur lui (je me sens mal). A ce moment une boule à l’estomac me prend, mes trippes se tordent. Je ne sais plus si c’est l’alcool ingurgité ou cette vision d’horreur qui me fait autant mal. Quoi qu’il en soit je souffre. Et ne supporte pas ce spectacle auquel j’aurais aimé être convié. Du coup je suis parti. J’ignore donc comment s’est terminée la danse et je ne préfère pas savoir. Si j’ai loupé un happy end tant mieux. Je pars m’asseoir seul et je verse quelques larmes. Je suis vidé et impuissant. Je sais qu’en rentrant chez moi je vais me branler comme un malade. Mais pour l’heure je suis triste, profondément triste. Un autre couple d’amoureux vient s’asseoir non loin de moi. C’est bien ma veine, moi qui voulais être un peu tranquille. La plénitude du silence. La musique est toujours aussi forte et ma vie s’éteint. Ma solitude apparaît sur les murs de la discothèque quand, sous les effets des stroboscopes, mon ombre surgit. Un bref instant. Ephémère. Comme la vie. Life sucks yeah. Ca paraît tellement plus cool dit comme ça.